Les PME et les entrepreneurs ont souffert de la crise liée au COVID-19 et des répercussions de l’agression de grande ampleur de la Russie contre l’Ukraine. Elles ont, plus que les autres, été pénalisées par des problèmes de liquidité et la désorganisation des chaînes d’approvisionnement, et certains groupes comme les femmes, les jeunes et les travailleurs indépendants, ont été particulièrement fragilisés. Dans cet environnement hostile, les pouvoirs publics sont intervenus sans tarder pour apporter un soutien d’une ampleur inédite. Cela étant, les perturbations subies par les chaînes d’approvisionnement, la volatilité des prix de l’énergie et des produits alimentaires, et les tensions inflationnistes subsistent. Dans ce contexte, il est indispensable de renforcer la résilience des PME et des entrepreneurs afin de les aider à relever défis de demain. Il pourra être utile de faire évoluer les politiques publiques afin qu’elles permettent d’apporter un soutien aux PME viables sans compromettre l’entrée sur le marché de nouvelles entreprises, de renoncer aux approches globales pour privilégier des approches ciblées, et d’aider les petites entreprises à opérer la transition vers l’efficacité énergétique et à s’adapter à un monde de plus en plus numérique.

Pour préserver leur compétitivité, les PME et les entrepreneurs comptent en grande partie sur les compétences, mais il est plus difficile pour eux d’avoir accès aux profils qualifiés et de les fidéliser. Ils sont particulièrement pénalisés par les pénuries de compétences, sachant qu’ils n’ont pas la capacité de les atténuer par des mesures de réorganisation, d’externalisation ou d’automatisation. Les difficultés traditionnelles que rencontrent les PME et les entrepreneurs pour accéder aux compétences sont aggravées par l’ampleur et la rapidité des transformations structurelles à l’œuvre. La rapidité des mutations technologiques crée des déficits de compétences, tandis que la demande de compétences non techniques s’accroît. Les écosystèmes de compétences – les acteurs locaux, les réseaux, les incubateurs, et les établissements d’enseignement et de formation – peuvent aider les PME à avoir accès à des savoir-faire et des connaissances qu’elles ne peuvent pas développer en interne.

La création et l’expansion des entreprises restent freinées par l’inégalité des chances. Ces disparités engendrent un coût économique sous forme d’occasions manquées de création d’emplois, de croissance et d’innovation. Les groupes sous-représentés et défavorisés, en particulier, se heurtent à des obstacles institutionnels, ont un accès limité aux financements, n'ont pas acquis toutes les compétences nécessaires et leurs réseaux sont restreints. Des politiques favorisant l’entrepreneuriat inclusif ont été mises en œuvre pour y remédier, mais il faut aller plus loin pour libérer le potentiel entrepreneurial inexploité de la population, notamment en apportant un soutien sur mesure aux groupes sous-représentés.

L’accès aux financements est vital pour permettre aux PME et aux entrepreneurs de démarrer leur activité, d’investir, de se développer et de faire face aux chocs. Les PME ont été durement éprouvées pendant la pandémie de COVID-19 car leurs réserves de liquidités étaient peu importantes ; à la sortie de la crise, leur endettement avait augmenté. Le contexte macroéconomique de 2022 et 2023, caractérisé par une croissance atone, l’inflation et des taux d’intérêt en hausse, a continué de peser sur le financement, par endettement ou non, des PME. À terme, les pouvoirs publics devront poursuivre la diversification des instruments de financement, encourager le développement des technologies financières, proposer des garanties de crédit pour les prêts liés à un objectif de durabilité, et faciliter l’apport de capitaux propres pour financer des entreprises vertes et innovantes.